> Éditorial  Jean Garrigues
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Le nouveau numéro de Parlement[s] étudie les « Politiques au pied du mur ». Au travers d’itinéraires, individuels ou collectifs, de moments particuliers et des campagnes, il veut saisir quels sont les ressorts de l’engagement politique. Issu en grande partie des communications présentées lors du séminaire mensuel du Comité d’histoire parlementaire et politique, il en reflète à la fois la cohérence et la diversité.

La cohérence de notre démarche scientifique réside dans notre volonté d’explorer toutes les facettes de la vie parlementaire, dont beaucoup restent mal connues. À cet égard, le fichier mis au point par Dominique Anglès d’Auriac aux Archives de l’Assemblée nationale constitue un magnifique instrument de travail, qui devrait inciter de nombreux chercheurs à travailler le sujet, notamment dans les champs biographique, monographique ou prosopographique. Les travaux présentés ici par François Dubasque, Ralph Schor et Bernard Lachaise dans la partie « Itinéraires » constituent de parfaits exemples de ce type de recherches centrés sur les parcours individuels et collectifs.

Cohérence encore avec le second volet de ce numéro, qui confronte les itinéraires collectifs des parlementaires socialistes à des «Moments » particuliers de notre histoire politique : le Cartel des gauches vu par Thierry Hohl, et les campagnes législatives de la Quatrième République par Noëlline Castagnez, moments exceptionnels pour la gauche, moments de choix et d’engagements rarement abordés sous l’angle, ici privilégié, de la vie parlementaire.

La troisième partie, consacrée aux «Campagnes » présidentielles de 1958 avec Frédéric Turpin, 1974 avec Jérôme Pozzi et 1988 avec Olivier Rouquan, reflète la diversité de nos travaux, qui ne se cantonnent pas à la vie parlementaire, mais tendent à s’ouvrir à toutes les formes de l’engagement et de l’action politique. Elle reste néanmoins en résonance avec les deux premiers volets, car elle est là encore centrée sur le moment du choix, le tournant politique, qu’il soit idéologique, stratégique ou tactique.

Ajoutons à cette diversité d’approches l’ouverture sur « L’Étranger », à savoir la réflexion de Frédéric Attal sur la naissance de la République italienne.

S’il en était encore besoin, ce nouveau numéro de Parlement(s) prouve que l’histoire de la vie parlementaire, conçue comme un élément innovant de la recherche sur la vie politique, peut donner lieu à des travaux d’une grande richesse. À l’heure où les politiques semblent vouloir réhabiliter le parlementarisme, il n’est pas inutile de leur rappeler ce legs de l’histoire. Eux aussi, les voici « au pied du mur » de la réforme !