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«
Bien
entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant:
"L'Europe,
l'Europe, l'Europe", mais cela n'aboutit à rien et cela ne
signifie
rien... » Ainsi parlait le général de
Gaulle, répondant à Michel Droit, le 14
décembre 1965, entre les deux tours de l'élection
présidentielle.
C'était
il y a presque quarante ans, et depuis, l'Europe a fait son chemin.
Elle se
décline aujourd'hui à 25, elle a son espace
unique, sa monnaie unique, et
bientôt, peut-être, se dotera-t-elle d'une
constitution. A l'instar du général
de Gaulle, les Français ont appris à l'admettre,
à la construire, et parfois
même à l'aimer... Mais la connaissent-ils vraiment
? Se souviennent-ils des
efforts et des sacrifices, des dévouements et des combats
qui ont permis à
l'Europe de se construire ? Savent-ils ce que représente la
démocratie européenne,
quels en sont les rouages, les institutions et surtout les
acteurs ?
À
l'éternel défi de la
connaissance, l'équipe de Parlement[s] a
voulu répondre à sa manière, en
confrontant les témoignages des acteurs aux analyses des
chercheurs. Du côté
des acteurs, Simone
Veil était incontournable, car elle incarne
mieux que tout
autre l'histoire de la construction européenne, cette
volonté irréductible de
tourner le dos aux guerres fratricides pour édifier une
Europe démocratique et
pacifiée. Elisabeth
Guigou représente la
génération suivante des bâtisseurs
d'Europe, celle de Maastricht et de l'Euro, celle qui a su transformer
son
enthousiasme en réalités. Daniel Cohn-Bendit,
quant à lui, ne conçoit la
politique que transnationale : acteur engagé de l'histoire
française et de
l'histoire allemande, c'est un Européen, tout simplement.
Pour leur répondre,
il fallait un souverainiste : Charles Pasqua
assume ce rôle avec sa passion et
l'ironie mordante d'un homme de convictions, qui souligne les
dysfonctionnements du Parlement européen et les
absurdités d'un élargissement
manipulé à ses yeux par les Etats-Unis. D'un
côté, la conviction
européenne,
enracinée dans l'histoire et tournée vers la
modernité ; de l'autre, une
exigence de lucidité critique, forgée dans la
tradition gaullienne de l'indépendance
nationale. Au lecteur de se faire une opinion.
«
Il
faut véritablement créer l'Europe, qu'elle se
manifeste à elle-même et à
l'opinion américaine et qu'elle ait confiance en son propre
avenir », écrivait
Jean Monnet, le 3 mai 1950. Plus d'un demi-siècle plus tard,
son programme
apparaît encore d'une actualité brûlante.
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